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Critique de « Grand-Guignol II » du Théâtre de l'Entonnoir


Grand-Guignol II (Photo : Théâtre de l'Entonnoir)

Critique de « Grand-Guignol II »

par David Lefebvre

Pour une deuxième année consécutive, le Théâtre de l’Entonnoir convie les Montréalais à un cabaret tout ce qu’il y a de plus grandguignolesque : de l’horreur, du morbide, de l’irrévérencieux et de l’humour tout aussi noir qu’absurde. Sang, sexe, spectacle : bienvenue au Grand-Guignol II !

S’inspirant du théâtre du même nom qui sévissait à Paris entre le début du siècle et les années 60, et qui présentait des « saynètes comiques et de courts drames sanglants », le Théâtre de l’Entonnoir plonge les spectateurs au centre d’histoires adaptées et originales, surréalistes, scatologiques, scandaleuses ou drôlement terrifiantes. Un amant amène sa conquête dans le pire des trous sur le bord de la 132 pour l’impressionner : est-ce que leur vie est en danger? Lili St-Cyr revient pour un striptease à fleur de peau ; un mariage s’officie d’une étrange manière ; le pire magicien russe, Henri Van Bruggen (un personnage présent lors de la première édition) revient pour un numéro d’hypnose « saisissant ». Un couple veut faire entrer son nouveau poupon au cœur de leur congrégation, laissant le prénom au hasard d’une roulette – ils y laisseront plus qu’un simple choix ; l’épouse d’un soldat violent, amputé des jambes, prend sa vengeance ; une jeune femme se fait hara-kiri ; de vieilles Anglaises jouent aux cartes et jouent leur vie, tout en parlant d’une manière vulgaire, et finalement, des oursons revisitent le conte de Dracula (une des grandes réussites du spectacle). C’est un théâtre sulfureux et immoral qui nous est proposé, présenté simplement pour le plaisir de l‘horreur et de flirter avec un humour parfois douteux – même si certains gags font franchement rire – et beaucoup, beaucoup de sang, giclant jusque dans l’assistance.

Quelques bons coups sont dignes de mention, dont les « messages des commanditaires », de fausses publicités en direct qui se moquent, entre autres, des remèdes miracles de type collier noisetier, en proposant ici des noix ou des pénis d’albinos pour guérir l’arthrite ou l’impuissance. La visite aux toilettes de deux personnages célèbres aux mains griffées offre aussi quelques rires gras. Annie Kim Thériault s’éclate en Lili St-Cyr plus près de Shawn of the Dead que de Bleu nuit, et Liliane Fallon est terrifiante dans le rôle de la femme du soldat. Par contre, Jean-François Lacoursière ne convainc pas toujours en maître de cérémonie. Incarnant un gourou ou un chef de secte, prêt à la fin du monde « pour mieux revenir », son style faux dandy manque de charisme et son jeu est parfois relâché, alors qu’en tant que public, nous aimerions être ensorcelé, charmé, convaincu par cet énergumène. Quoi qu’il en soit, le comédien fait tout de même une honnête animation et divertit entre chaque sketch. Si ses interventions sont parfois longues, l’entracte, lui, tue malheureusement le rythme de la soirée. Par contre, ce temps d’arrêt sépare bien deux parties distinctes : alors que la première s’aventure davantage dans l’humour un peu absurde, la deuxième est beaucoup plus sordide, provocante et dérangeante. Grand-Guignol II s’avère malgré tout un divertissement franchement étonnant et relevé, et s’adresse à un public majeur et averti. Le Théâtre de l’Entonnoir semble souhaiter que cet événement devienne une tradition d’Halloween : une idée qui pourrait être génialement terrifiante.

Du 24 au 27 octobre 2012, mercredi au vendredi 20h, samedi 15h et 20h

Grand-Guignol II

Texte collectif

Mise en scène Louis-Philippe Labrèche

Avec Liliane Fallon, Alexis Gareau, Louis-Philippe Labrèche, Jean- François Lacoursière, Annie Kim Thériault et Marie-Chantal Nadeau

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